sexta-feira, 3 de dezembro de 2010

Gosto muito deste pequeno livro traduzido do italiano para o francês por Maurice Javion e Jean-Paul Manganaro que me ofereceste, linda amiga. Primeiro porque me cheira a Paris e às bancas ambulantes de livros antigos expostos magnificamente ao sol (e à chuva) a preços aliciantes, à espera de compradores...normalmente leitores apaixonados como tu.   A capa é uma obra de arte de 1925, lindíssima, da autoria de  Antonio Donghi, com o título em italiano La Canzonettista. As Éditions du Seuil, com livros de bolso, magicamente portáteis, permitiram que eu lesse muito em francês quando era ainda estudante  e fizeram de muitas das minhas viagens de comboio, Porto-Espinho e Espinho-Porto, deliciosas. Tenho inúmeros livrinhos em língua francesa desse tempo à espera deste na prateleira consagrada aos livros em francês... Este é um livro de aventuras, muitas aventuras estanques, todas unidas pelo subtítulo "Les amours difficiles", numa primeira parte do livro.  A primeira aventura é a de um soldado e todas as que se seguem pertencem a personagens que desde logo temos vontade de conhecer: aventure d'un lecteur, d'un myope, d'un photographe, d'un poète, d'un skieur, d'un voyageur,  etc. A segunda parte da obra  é constituída por duas novelas de maior extensão (que aumentaram esta edição) sob o grande subtítulo" La Vie Difficile". Tudo indicia que deste livro fazem parte muitas dificuldades que pela sua essência problematizante (do não-encontro do casal apaixonado) constroem o verdadeiro amor, construindo, por isso mesmo, histórias aliciantes e o prazer da leitura.

Uma curiosidade enorme fez-me ler, desde logo, L'aventure d'un myope (antes mesmo de L'aventure d'un poète ou L'aventure d'un lecteur...). Transcrevo uma parte que nos apresenta a personagem:

L’aventure d’un myope



«Hamilcar Carruga était jeune, il ne manquait pas de ressources, il n’avait pás trop d’ambitions matérielles ou spirituelles: rien ne l’empêchait de jouir de l’existence.


Or, depuis quelques temps, cette existence allait perdant, jour après jour, de sa saveur. Il s’en apercevait à des petits details: par exemple, en regardant les femmes dans la rue; naguère, il leur lançait des oeillades avides, possessives; à present, il les cherchait bien encore du regard, mais elles disparaissaient comme en coup de vent, sans lui laisser la moindre impression; résigné, il bassait les paupières. Les villes inconnues, auparavant, l’enthousiasmaient (il voyageait beaucoup, étant dans les affaires); ells ne lui procuraient plus qu’ennui, effarement disorientation. Il avait l’habitude, vivant seul, d’aller chaque soir au cinema; il s’amusait toujours, quel que fut le programme: quand on y va quotidiennement, c’est un peu comme si se déroulait un même film aux multiples episodes; on connaît les acteurs, de la vedette au second au second et troisième role, et le fait de les identifier à coup sûr est déjà un divertissement. Eh bien, meme au cinema, les visages devenaient falots, sans relief, interchangeable: Hamilcar bâillait d’ennui.


Il finit par comprendre: le mal était en lui, qui devenait myope. L’oculiste ordonna dês verres. Ce fut un changement total; s avie devint cent fois plus excitante qu’avant.


Rien qu’à chausser les lunettes, Hamilcar éprouvait un choc. Il se trouvait, disons, à un arrêt de tram, et ça le rendait un peu triste que tout, choses et gens, eût un aspect vague, monotone et comme usage, avec lui, là, aumilieu, avançons à tâtons dans un chãos de formes et de couleurs fantomatiques. Il mettait les lunettes, pour lire le número d’un tram: comme un enchantement, les objects les plus quelconques, à commencer par la perche du tram, se dessinaient dans leurs moindres détails, avec une netteté d’épure; les visages, cês visages indistincts, se remplissaient de signes tout particuliers: pointillé de la barbe, boutons, nuances d’expression à quoi on ne s’attendait guère; les vêtements, on savait quel tissu ils étaient faits, et la qualité d’une étoffe, l’usure d’un ourlet ne passaient plus inaperçues. Regarder devenait un jeu, une fête: pas regarder une chose plûtot qu’une autre, non, regarder pour regarder. Hamilcar Carruga en oubliait de prêter attention aux trams; il les ratait l’un après l’autre, ou quelquefois partait dans une mauvaise direction. Il voyait tant et tant de choses qu’à la fin c’était comme s’il n’y voyait plus. Il lui fallut, petit à petit, s’habituer, réapprendre à distinguer entre ce qu’il faut voir et ce qu’il est bon de négliger.


Quant aux femmes croisées au hasard dês rues, elles dont il ne lui restait naguère que d’inconsistantes ombres floues, maintenant qu’Hamilcar était à même d’apprécier ce jeu de pleins et de rentrants que font leurs corps en bougeant sous la toilette, la fraîcheur de leur peau, le feu de leur regard, il lui semblait qu’il faisait mieux que les voir, qu’elles étaient pour ainsi dire en son pouvoir. Il arrivait que, se promenant sans ses lunettes (afin de s’épargner de la fatigue, il les portait uniquement pour regarder de loin), il vît surgir devant lui, sur son trottoir, une robe aux couleurs pimpantes: aussitôt, d’un geste déjà machinal, il tirait ses lunettes de sa poche, les posait bien d’aplomb sur son nez. Cette soif incôntrolée de sensations lui jouait plus d’un tour: parfois, ce n’était qu’une vieille. Il devint circonspect. Mais, d’autres fois, il advenait qu’une femme lui parût, de loin, à son allure, à la couleur de sa robe, négligeable, indigne d’examen; il ne mettait pas ses lunettes; puis, au moment où ils passaient tout prés l’un de l’autre, Hamilcar découvrait en elle quelque chose qui l’attirait vivement, allez savoir quoi, il croyait surprendre un regard qui se posait sur lui, un regard d’attente, un regard qui peut-être le suivait depuis tout à l’heure et dont il ne s’était pas aperçu; maintenant, c’était trop tard: elle traversait le carrefour, montait dans un bus, le feu passait au vert, elle était loin, et lui, incapable de la reconnaître. Ainsi, parce qu’il était condamné aux lunettes, il apprenait à vivre, peu à peu. (…)»





1 comentário:

Anabela disse...

Amigunha....
deixas-me feliz por saber que o livrinho te agrada... consegues ver beleza em tudo! è isso que te torna uma pessoa admirável e única!

Adoro essa bondade e inteligência... o teu coração inteligente... lerei o excerto...
Muitos beijos